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Pick-ups : Duel au sommet de l'Alpe d'Huez

11/12/2018

CES DERNIÈRES ANNÉES, CERTAINS CONSTRUCTEURS SONT VENUS REJOINDRE LES FABRICANTS HISTORIQUES DE 4×4, AVEC POUR OBJECTIF DE SÉDUIRE LES PROFESSIONNELS MAIS ÉGALEMENT LES FAMILLES. NOUS AVONS PRIS LE VOLANT DES STARS DU MARCHÉ. DIRECTION L’ALPE D’HUEZ ET LES ALPES POUR RÉPONDRE À UNE QUESTION : QUEL PICK-UP POUR QUEL USAGE ? VOICI NOTRE  DUEL À QUATRE, UN COMPARATIF ENTRE LES FORD RANGER, VOLKSWAGEN AMAROK, TOYOTA HILUX ET MITSUBISHI L200.

Réservés longuement aux professionnels, les pick-ups se sont progressivement embourgeoisés jusqu’à séduire une part toujours plus importante de particuliers. Nous avons décidé de tester les “double cabine” disposant d’une vraie banquette arrière et d’une benne. Ces véhicules disposent tous de la transmission 4×4 (avec quelques subtilités que nous évoquerons plus loin).

 

Dans les lacets reliant le Lac de Chambon à l’Alpe d’Huez, il ne fait aucun doute que ces engins n’ont pas été conçus pour attaquer les cols. A l’instar des cyclistes du Tour de France en montagne, le principal ennemi est le poids. Avec des masses comprises entre 1 800 et 2 200 kilos, « nos pachydermes » font pâle figure. Leur centre de gravité haut perché et leur benne vide ne sont pas là pour arranger les choses. Avant de signer un chèque pour un de ces pick-ups il faudra garder à l’esprit leur vocation principale : transporter n’importe quoi, n’importe où.

 

Les lacets se succèdent et à ce petit jeu le Mitsubishi L200 (ancienne génération), et le Toyota Hilux conçus pour transporter de lourdes charges pendant des centaines de milliers de kilomètres sont ceux qui souffrent le plus. Le L200 prend du roulis, manque de motricité en sortie de virage et demande une attention de tous les instants en sortie de courbe. Mais ce dernier dispose d’une botte magique : la possibilité de rouler en 4 roues motrices.

 

En pleine charge, ce sera un avantage non négligeable pour arpenter les cols. Le Toyota Hilux, de son côté, fait mieux grâce à sa conception plus moderne mais doit laisser le Ford Ranger et Volkswagen Amarok s’échapper. Le Ford Ranger 3.2 l TDCi se montre beaucoup plus docile. Armé de son moteur 5-cylindres de 200 chevaux et, surtout de ses 470 Nm de couple, il ne craint pas les cols. L’équilibre est bon et la conduite se rapproche de celle d’un gros 4×4 classique. L’équipement est complet et la finition de la cabine nous font oublier ses origines utilitaires.

 

Pourtant sur la ligne d’arrivée à l’Alpe d’Huez, le maillot à pois des pick-ups revient sur les épaules du Volkswagen. L’Amarok V6 TDI s’impose largement sur le bitume. Il est de loin le plus puissant mais aussi le plus agréable grâce à son moteur V6 de 258 chevaux et son agréable et moderne boîte automatique à 8 rapports. L’allemand dispose également sur ce terrain d’une transmission intégrale permanente.

 

A l’intérieur, la présentation, la qualité de finition et le confort des Ford Ranger et Volkswagen Amarok ne choqueront pas les propriétaires de SUV.

 

Evidemment c’est quand le bitume s’arrête que ces mastodontes retrouvent leur élément naturel. L’objectif de la journée est de monter par les pistes jusqu’à 2800 mètres. Au menu, nos pick-ups devront affronter de la terre, beaucoup de pierres et des dénivelés exigeants.

 

Avec ce menu, l’Amarok marque le pas. Même si il ne démérite pas, le bourgeois pick-up germanique ne peut rivaliser avec la concurrence. En cause la conception même du Volkswagen. L’Amarok est le seul à ne pas disposer d’un réducteur. En l’absence d’une boîte courte, il doit s’en remettre à l’électronique, qui atteint vite ses limites. Soyons honnêtes, les capacités en off-road de l’Amarok suffiront à la plupart des utilisateurs mais il n’est tout simplement pas fait pour le franchissement. Sa garde au sol et les angles d’attaque et de fuite moins élevés que ses camarades, finissent par enfoncer le clou.

 

Le Mitsubishi retrouve des couleurs dans ces conditions en progressant efficacement vers les cieux. Le Japonais n’a alors plus grand chose à prouver face aux autres pick-ups. C’est du rustique, c’est efficace et ça passera partout. Mais sa garde au sol moins de seulement 205 mm et son angle de fuite pourront le mettre en difficulté lors des franchissements. Accusant le poids des années, il se fait distancer par les deux monstres que sont le Ranger et le Hilux.

 

“Invincible” c’est ce qui est écrit en lettres d’argent sur la carrosserie du Toyota. Il est vrai que depuis 1968 le constructeur nippon s’est taillé une réputation de robustesse auprès de tous ceux qui ont besoin de transporter des marchandises sur n’importe quel terrain et ce pendant plusieurs tours de compteur. Aux 4 coins du monde le pick-up Toyota représente le choix numéro 1 des travailleurs du bâtiment, des mines ou de tous ceux qui ont l’intention de le faire souffrir.

 

Cette nouvelle génération ne déroge pas à la règle. Il suffit de se glisser à l’intérieur du Hilux pour comprendre qu’ici tout est fait pour durer. C’est simple mais pas inconfortable, bien au contraire. En tout-terrain, il ne semble pas craindre grand chose. Notre Toyota repousse les limites avec sa garde au sol record de 293 mm. Alors Invincible le Hilux ?

 

Ce serait oublier un peu vite le surprenant Ranger qui, lui aussi dispose de sérieux atouts. Au premier rang desquels ses angles d’attaque et de fuite qui en font l’engin idéal pour se sortir de l’ornière. Son couple de camion, accessible dès 1 500 tr/min est également un précieux allié en tout-terrain. Avec 50 chevaux d’écart sur le Toyota, il s’impose par sa capacité à franchir n’importe quel obstacle sur le couple. Le Ranger ne donne pas la sensation de forcer. Une main de fer dans un gant de velours.

 

A l’arrivée sur le Dôme des Petites Rousses, à 2810 mètres d’altitude, le Ranger peut toiser ses petits camarades en observant la vue offerte sur les Alpes. Bien présenté, il est, avec l’Amarok, le mieux équipé (anti-patinage, aide au freinage, contrôle de vitesse en descente, démarrage en côte, système anti-retournement, stabilisation de la remorque, etc…). Plus efficace sur route que les Mitsubishi et Toyota, il n’en oublie pas sa vocation principale : passer partout. C’est également le plus pratique, et de toute évidence le meilleur compromis entre route et tout-terrain. Il pourra répondre aux besoins d’une famille tout en assurant des tâches utilitaires.

 

L’Amarok sera le choix privilégié des familles en quête d’aventure désirant transporter un jet ski sans sacrifier le confort.  De loin le plus agréable à conduire, c’est le plus à l’aise sur route. C’est aussi le seul à proposer un V6 ainsi qu’une boîte à 8 rapports. Des qualités qu’il fait payer cher avec un tarif culminant à 57 960 euros.

 

Le travailleur s’orientera vers le Mitsubishi ou le Toyota tant ces deux-là semblent indestructibles. Le premier peut faire valoir son budget serré, son équipement très complet et sa transmission. Le Toyota, quant à lui, confirme sa qualité de référence dès que les conditions se dégradent.

 

Jusqu’au 1er janvier les pick-ups bénéficient d’une exonération de la TVS (Taxe sur les Véhicules de Société) ainsi que du malus écologique, qui peut sur ce type de véhicule atteindre les 10 500 €. Le grand absent de ce test « grandeur nature » est le Nissan Navara. Enfin, pour être tout à fait complet au sujet du marché des pick-ups chez nous, le Navara, c’est aussi « ses deux cousins » Renault Alaskan et le plus plus premium des pick-ups, à savoir le Mercedes-Benz Classe X.

 

Texte et essai : Niko Laperruque

Photos : Active Automobile pour LesVoitures.com